Un an déjà...
En l'honneur de mon père, en ce 17 juillet, je voudrais mettre en parallèle deux poèmes... celui que nous, petits enfants français apprenions (apprenons?) à l'école... et celui que mon père, et que des milliers d'autres écoliers italiens, ont appris (apprennent) sur ce thème de la perte d'un enfant. L'un de Victor Hugo, notre monument national... l'autre de Giosue Carducci, un équivalent transalpin...
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
Pianto antico
L'albero a cui tendevi
la pargoletta mano,
il verde melograno
Dà bei vermigli fiori
Nel muto orto solingo
Rinverdì tutto or ora,
E giugno lo ristora
Di luce e di calor.
Tu fior de la mia pianta
Percossa e inaridita,
Tu de l'inutil vita
Estremo unico fior,
Sei ne la terra fredda,
Sei ne la terra negra;
Né il sol piú ti rallegra
Né ti risveglia amor.
Giosue Carducci
(je tente une traduction, en partie trouvée sur le net: Plainte antique
L'arbre vers lequel tu tendais
Ta petite menotte,
Le vert grenadier
aux belles fleurs vermillon
Dans le verger muet, solitaire
Tout reverdit à présent,
Et juin lui donne des forces
De lumière et de chaleur.
Toi fleur de ma plante
Battue et désséchée,
Toi de l'inutile vie
Unique fleur extrême,
Tu es dans la terre froide,
Tu es dans la terre nègre;
Ni le soleil ne te réjouit plus
Ni l'amour ne te réveille. )