J'ai une passion, oh, pas bien dangereuse, pour les romans de capes et d'épée. Enfin, surtout pour les héros. Qui ont une particularité remarquable, notez-bien, c'est d'être, à quelques exceptions, tous gascons. Même quand l'auteur est italien, comme pour le Capitan. A croire que ce petit bout du sud de la France est une pépinière à héros hâbleurs, bagarreurs et doués en escrime... Notez aussi que de toute façon, quand ils ne viennent pas de Gascogne, ils viennent du Sud de la France, ce qui ne change strictement rien à leur caractère. A croire qu'au contact des Pyrénnés, on acquiert des talents particuliers.
Quand je dis une passion pour les héros, n'y voyez rien d'inconvenant. C'est que depuis toute petite, je m'identifie à eux (plus qu'aux demoiselles en détresse, qui sont bien chiantes, disons-le franchement). Enfin, je m'identifie à D'Artagnan, mais il fera l'objet d'un post dédié...
Parce qu'en ce jour, je vais vous parler d'un autre gascon célèbre (qui en vrai ne l'étais pas, et dans sa carrière littéraire pas plus, parce que Bergerac, c'est en Périgord). Bref, je vais vous entretenir de Cyrano de Bergerac. Hercule Savinien Hector de Cyrano de Bergerac, plus précisément.
D'abord dans sa version nouvellement découverte, de Taï-Marc Le Thanh , illustré par Rebecca Dautremer. Magnifique album... qui nous rejoue poétiquement l'histoire de Cyrano, Roxane et Christian, dans une ambiance toute asiatique, avec un énorme respect de l'oeuvre ... un bon moyen d'être en contact, de découvrir, mais aussi une jolie façon de revoir l'histoire (même quand on la connaît par coeur).D'ailleurs, je proteste sur les étiquettes, je vois pas du tout pourquoi ça serait reservé aux enfants de 3 à 7 ans... qu'est-ce qui z'y connaissent en Cyrano, les morpions, hein? Bref...
Mais bien sûr, la version, LA version, devrais-je dire, qui m'a fait tomber dans la marmite, c'est celle d'Edmond Rostand. Qui d'une anecdote, fit un chef-d'oeuvre. Ou comment me faire apprécier une histoire d'amour romantique, dans une pièce de théâtre tragique. Les miracles existent.
Parce qu'à la base, la tragédie, ce n'est pas vraiment mon truc. Les histoires romantiques non plus. La faute peut-être à mes profs de français... pour apprécié Phèdre, j'ai du attendre que mon frère l'étudie, mais là n'est pas le sujet. Pour le romantisme, attention ... je peux être trèèèèèèèèèèèèèès fleur-bleue. Mais en général, celles du XIXème siècle, qui finissent mal, dans une débauche de sentiments exacerbés, et de coups du sort désespérants, ben, euh, comment dire... Mais là, bizarrement, ça marche sur moi.
C'est simple, ceci dit: écrivez dans une langue magique qui sonne si bien son XVIIème siècle. Écrivez des vers qui savent faire passer du rire aux larmes. Et surtout, décrivez une histoire d'amour qui soit belle sans être niaise, qui fasse que l'on aime tous les protagonistes sans détester le méchants, et saupoudrez le tout de combats à l'épée, et de gasconnades fabuleuses ... du théâtre de cape et d'épée, voilà! Et le tout est joué. Et je rêve de rapières et de combats, et je suis l'un de ces cadets de Gascogne, bretteurs, menteurs, ivrognes. Et je pardonne à Roxane son indécision, ses retournements, parce que c'est si bien amené, parce que c'est si joliment dit.
Et puis, il y a Cyrano. Comment résister à un homme qui se bat à un contre sens, qui fait des vers sur un duel, qui parle d'amour de si belle façon, et qui surtout, surtout ... est allé sur la Lune. Et qui peut tout perdre, hormis son panache ...
Et vous obtenez le livre que je lis, relis, et re-relis indéfiniment. Et où je pleure toujours, à la fin...
Parce que:
" ... non, on ne se bat pas dans l'espoir d'un succès
non, non, c'est bien plus beau, lorsque c'est inutile...."