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Rashômon - Akira Kurosawa

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Rashômon (1950) - Akira Kurosawa


rashomon.jpegL'histoire:
Kyoto, au XIe siècle. Sous le portique d'un vieux temple en ruines, Rashômon, trois hommes s'abritent de la pluie. Les guerres et les famines font rage. Pourtant un jeune moine et un vieux bûcheron sont plus terrifiés encore par le procès auquel ils viennent d'assister. Ils sont si troublés qu'ils vont obliger le troisième voyageur à écouter le récit de ce procès : celui d'un célèbre bandit accusé d'avoir violé une jeune femme et tué son mari, un samouraï. 
Le drame a eu lieu dans la forêt à l'orée de laquelle est situé le portique de Rashômon. L'histoire est simple : Qui a tué le mari ? Le bandit Tajomaru, la femme, un bûcheron qui passait ou le mari lui-même qui se serait suicidé ? Autant d'hypothèses vraisemblables. Mais les dépositions des témoins devant le tribunal apportent à chaque fois une version différente du drame, et la vérité ne percera qu'après de nouvelles révélations surprenantes...
 
Les acteurs
  • Toshirō Mifune : Tajomaru, le bandit
  • Masayuki Mori : Tashehiro, le samouraï
  • Takashi Shimura : Le bûcheron
  • Machiko Kyō : Masago, la femme
  • Daisuke Kato : Le policier
  • Fumiko Honma : La médium
 
 
Rashômon est le premier film d'Akira Kurosawa à s'être exporté en Occident. Il a été présenté (sans même que le maître le sache, d'ailleurs) à la Mostra de Venise en 1951 (où il remporta le Lion d'Or). C'est le film qui fit connaitre réellement le cinéma japonais en occident et plus particulièrement les Jidaiki (même si celui-ci est particulier, de par sa forme et par l'époque choisie... Heian, plutôt que classiquement Edo). C'est aussi une adaptation littéraire, celle de deux nouvelles de Ryonosuke Akutagawa, dans le recueil Rashômon... et plus particulièrement Dans le fourré.
 
Rashômon est aussi important dans l'histoire du cinéma par sa forme. Sur une histoire finalement basique d'un crime, on explore ici la façon dont la réalité est perçue et à travers l'image (et la musique) on explore l'âme humaine. Du point de vue de l'image, Rashômon est situé dans trois lieux qui comme les récits, s'imbriquent entre eux.Il y a Rashômon, d'abord, la Porte de Rashô, une des porte monumentale qui servait d'entrée à Kyoto. Ici c'est après son incendie, c'est un lieu en ruine, où se réfugient nos 3 premiers narrateurs. Le temps (un orage) va souligner le récit qui nous est fait en ce lieu...
Puis le tribunal, un lieu anonyme... comme un théâtre. on y voit juste le mur du fond, et les témoins comme sur une avant-scène... ceux ayant déjà raconté leur histoire étant au fond... un lieu écrasé par la lumière du soleil, comme si en ce lieu de justice, l'âme devait être mise à nue.
Enfin le lieu du crime, le lieu de l'action. une forêt, avec ses jeux d'ombre et de lumière en travers du feuillage, qui indique l'état de trouble des participants.
 
La musique et les bruitages soulignent les actions, comme le piano d'un film muet. Il y a de cela d'ailleurs, dans Rashômon, avec ces gros plans sur les expressions, comme il y a aussi un rappel de la gestuelle théâtrale. 
 
Malgré le même récit multiplié, on n'est jamais perdu... on veut savoir, comme l'homme du commun, cynique en passant, qui écoute le récit du moine et du bûcheron.
 
Rashômon nous parle aussi de la vérité, de la façon de la percevoir, et peut-être aussi, à travers cela du cinéma... chaque spectateur aura sa vision du film qu'il a vu. Existe-t-il vraiment une vérité, tellement écrasante comme cette lumière au tribunal? Doit-on devenir cynique comme l'homme du commun, qui finalement pense que chacun vit pour soi... Kurosawa nous répond en partie dans la scène finale, avec l'arrêt de la pluie et le retour du soleil. Comme Miyazaki, il avait sans doute foi dans l'homme.
 
Bref, un classique que je vous conseille très fortement ^^
 
Dans la partie anecdote, le film avait eu un accueil tiède au Japon par les critiques. Après sa victoire à Venise, certains ont dit que c'était parce que c'était exotique pour les Occidentaux, d'autres que le film était occidentalisé, c'est pour cela qu'ils avaient touché le jury (et les spectateurs). C'est d'ailleurs, des critiques dans son propre pays auxquelles Kurosawa fera face toute sa vie... il disait lui-même que les Japonais devraient évoluer et ne pas s'abaisser à penser que leur culture n'est pas exportable. C'est encore souvent un voeu pieux...

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