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Asian Time

  • Le Roi et le Clown

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    Un petit détour par la Corée...

     

    Le Roi et le Clown (2005) - Lee Jun-ik

     

    18888798.jpgL'histoire:

    Corée, 16ème siècle. Alors que la dynastie Chosun règne en maître sur le territoire, Jang-seng et Gong-gil sont deux comédiens qui travaillent ensemble sur les routes du pays. Jang-seng persuade Gong-gil de se produire à Séoul, dans l'espoir de devenir riche. Arrivés là-bas, ils se font arrêter au cours d'un spectacle pour avoir insulté le Roi. Jang-seng propose alors un pari fou : s'ils arrivent à faire rire le Roi, ils seront libres. Gong-gil, de nature très réservée livre alors un numéro impressionnant provoquant l'hilarité du Roi. Le pari est gagné, ils peuvent rester au Palais. Une relation nouvelle commence alors entre le Roi et Gong-gil...

    Casting:

    • Woo-seong Kam : Jang-seng
    • Jin-yeong Jeong : King Yeonsan
    • Seong-Yeon Kang : Nok-su Jang (comme Sung-Yeon Kang)
    • Lee Joon-gi : Gong-gil
    • Hang-Seon Jang : Cheo-sun
    • Hae-jin Yu : Yuk-gab
    • Seok-yong Jeong : Chil-duk
    • Seung-hun Lee : Pal-bok

    Avant tout, je vais déjà saluer la performance des acteurs, que j'ai trouvé excellents dans leurs rôles, Lee Jun Ki en tête, bien sûr, qui peut être androgyne en diable, c'est surprenant Suspect . Son personnage réussit à être intéressant et attachant tout en étant d'une passivité face à sa vie assez impressionnante (sauf quand il s'agit du théâtre ^^). Les 3 principaux saltimbanques, qui assurent et la partie comique et la partie représentation de leur groupe aussi. Mais surtout, c'est le Roi et Jang Seng qui m'ont impressionné, l'un dans sa folie, l'autre dans sa liberté. Le seul minuscule bémol,c'est Nok Suk, la concubine, qui est presque parfaite... à un évènement près sa crise de jalousie face à Gong Gil... j'ai trouvé ça un peu too much, surtout venant d'une femme qui ne doit pas manquer d'intelligence politique pour en être là où elle est... ça et sa "vengeance", j'ai trouvé que dans ce film par ailleurs parfait, ça faisait un peu morue de drama. Mais après elle redevient bien, donc c'était vraiment juste le ressenti sur ces scènes là ^^

    C'est un film avec différents niveaux de lecture

    On a premièrement un film sur l'art. Son rôle... l'importance de la liberté. L'évolution, les différentes formes. Le début et certains thèmes du film m'ont fait penser au Molière d'Ariane Mnouchkine (que je reverrais bien )... les saltimbanques, l'exagération, le jeu devant le peuple plus proche de la farce, par rapport au jeu devant la cour... On voit d'ailleurs qu'au fur et à mesure, les représentations devant la cour s'affinent et s'éloignent de la farce (tout en prenant un sens politique de plus en plus précis). On est dans la farce grossière sur la place du village au début... on est dans le drame policé, la tragédie à la fin. On est dans les masques au début... dans le maquillage à la fin (qui fait penser à l'Opéra de Pékin)... Ce serait intéressant de comparer avec l'évolution du théâtre en Occident à la même période.... On passe aussi de la farce médiévale au théâtre en un lieu fixe, avec des règles (que ce soit Shakespeare ou Molière... de la Comedia dell'Arte... aux tragédies de Racine....)

    L'importance de la liberté dans l'art est représenté par Jang Seng, esprit libre si il en est... mais on a aussi l'importance de l'art comme sujet politique. Ici au travers du Ministre Cho Soi, qui introduit le ver dans le fruit, si j'ose dire... la troupe populaire dans le palais. Avec comme but de mettre le Roi devant sa propre folie. Mais est-ce un stratagème qui porte ses fruits, quand le Roi possède un tel niveau de folie? On a même (et finalement c'est assez moderne) une approche psychologique... psychanalytique même de l'art, avec le thème que le Ministre donne à la fin aux saltimbanques... 

    Et c'est là-dessus qu'on en arrive à un autre point du film... les liens entre les personnages, mais aussi les rapports visibles ou invisibles entre eux. Comment appréhender le Roi dans ce monde où la façade est tout. Ces règles, ces barrières qui sont érigées autour de lui, sous prétexte de règles de vie de la cour, n'est-ce pas aussi cela qui le conduit à la folie, en l'empêchant de s'exprimer. Et ces murs sociaux (pour le Roi) ou personnels (pour Jang Seng et Dong Gil.... dont finalement on ne comprendra jamais clairement la relation qui les lie) (enfin du moins dans la version que j'ai vu) ne nous empêche-t-ils pas d'évoluer?

    Dans une critique lu ailleurs, on soulignait l'importance de la couleur de la robe du Roi (je précise d'ailleurs, que oui, les couleurs de ce film sont magnifiques) et son changement...

    Un changement qui intervient dans une scène clé du film... qui augure une évolution du Roi. Malheureusement, celui-ci ne grandit toujours pas, en allant se réfugier dans les jupes de la concubine lors du choix de Dong Gil... Et on comprends mieux aussi pourquoi celle-ci utilisait le terme de "maman" dans ses relations "nocturnes" avec le Roi

     Voilà, voilà... je crois que j'aurais encore plein de choses à dire qui me sont venues en tête en visionnant le film... comme la fin, qui me rappelle une histoire que l'on m'a raconté (je crois que c'était une histoire chinoise, d'ailleurs) comme les paroles de Jang Seng à la fin, qui se réfèrent directement à Shakespeare (et le théâtre du grand Will fait souvent le rapprochement entre le spectacle et la vie, le rôle des comédiens et la réalité... un thème repris d'ailleurs, par Kore-Eda dans Hana )

    Mais pour résumer, c'est un film que je vous conseille

  • Détective Dee et le mystère de la flamme fantôme

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    Détective Dee et le mystère de la flamme fantôme (2010) - Tsui Hark

     

    original_540678.jpgL'histoire:

    L’histoire se déroule en Chine, en l’an 690, durant la période trouble correspondant à l’ascension de l’impératrice Wu Ze Tian. Tout est prêt pour la cérémonie du couronnement et la petite ville de Chang-An est dans ses habits de fête. Mais une série de morts mystérieuses menace l’intronisation de Wu Ze Tian. L’impératrice décide alors de faire appel au seul homme capable de percer ce mystère : Le juge Ti, de retour après huit ans de prison pour insolence et insubordination… 

    Inspiré de l’histoire d’un authentique détective de la Chine des Tang, Detective Dee a fait l’objet d’une série de romans cultes (par Robert Van Gulick). Le film du cinéaste hong-kongais Tsui Hark a été présenté au Festival de Venise 2010 en compétition officielle.

     

    Casting:

    • Andy Lau  : détective Dee
    • Li Bingbing: Shangguan Wan'er
    • Tony Leung Ka-fai  : Shatuo Zhong
    • Lu Yao : Li Xiao
    • Jinshan Liu  : Xue Wong
    • Carina Lau  : impératrice Wu Zetian
    • Chao Deng  : Pei Donglai
    • Teddy Robin Kwan : Wang Bo
    • Yan Qin : Jia Yi
    • Deshun Wang : Wiazi Ling

    Avant toute chose, si vous avez lu ou êtes fan des roman de Van Gulick.... oubliez les ^^. Là on est chez Tsui-Hark, dans du pur wu-xia ^^

    De Tsui-Hark, j'ai déjà vu (et adoré ^^) les Il était une fois en Chine (Wong Fei Hong).... j'ai aussi vu sa première mouture de Zu, les guerriers de la Montagne Magique (1983)... et là, on va dire que je n'ai pas tout compris.  Sinon,il faut aussi savoir que c'est le réalisateur des Histoires de Fantômes Chinois (ceci pour poser certaines choses qui peuvent paraître surprenant dans Détective Dee.

    Dans les points que j'ai aimé:

    - Andy Lau (Quoi, c'est un point positif à lui tout seul, non? Razz )

    - les personnages, classiques dans les films chinois, mais j'aime bien... le côté gentil? Méchant? Fidèle? Traître?

    - les décors et les costumes (même si des fois, ça faisait un peu trop "oh j'ai utilisé un peu trop les effets spéciaux" XD) (mais le grand Bouddha en construction me rappelle les statues que je construit dans le jeu vidéo Empereur: l'Empire du Milieu ^^)

    -les combats, qui sont époustouflants... ça part, ça vole dans tous les sens, ça s'arrête....     (bon ça fait un peu trop surhumain, la maitrise du Chi, toussa.... ça plairait pas à Mimidd....)

    les points un peu WTF?

    - les passages "tiens, si on mettait un peu de magie (ou pas) pour le mystère". On sent bien que Tsui hark à réalisé les Fantômes Chinois hein.... le passage dans la ville souterraine, avec un passeur et tout, l'ambiance... m'enfin au milieu d'un film sur des manipulations et des tensions politiques (la première et unique femme couronnée Empereur de Chine, rien que ça ^^); sur le coup ça choque un peu....

    - la résolution de certaines situations....     Le truc que je n'aime pas dans les films chinois....

    Au final, un film plaisant avec lequel j'ai passé un bon moment, très beau visuellement, plutôt bien maitrisé.... donc j'ai aimé (pis Andy Lau ^^)

  • Rashômon - Akira Kurosawa

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    Rashômon (1950) - Akira Kurosawa


    rashomon.jpegL'histoire:
    Kyoto, au XIe siècle. Sous le portique d'un vieux temple en ruines, Rashômon, trois hommes s'abritent de la pluie. Les guerres et les famines font rage. Pourtant un jeune moine et un vieux bûcheron sont plus terrifiés encore par le procès auquel ils viennent d'assister. Ils sont si troublés qu'ils vont obliger le troisième voyageur à écouter le récit de ce procès : celui d'un célèbre bandit accusé d'avoir violé une jeune femme et tué son mari, un samouraï. 
    Le drame a eu lieu dans la forêt à l'orée de laquelle est situé le portique de Rashômon. L'histoire est simple : Qui a tué le mari ? Le bandit Tajomaru, la femme, un bûcheron qui passait ou le mari lui-même qui se serait suicidé ? Autant d'hypothèses vraisemblables. Mais les dépositions des témoins devant le tribunal apportent à chaque fois une version différente du drame, et la vérité ne percera qu'après de nouvelles révélations surprenantes...
     
    Les acteurs
    • Toshirō Mifune : Tajomaru, le bandit
    • Masayuki Mori : Tashehiro, le samouraï
    • Takashi Shimura : Le bûcheron
    • Machiko Kyō : Masago, la femme
    • Daisuke Kato : Le policier
    • Fumiko Honma : La médium
     
     
    Rashômon est le premier film d'Akira Kurosawa à s'être exporté en Occident. Il a été présenté (sans même que le maître le sache, d'ailleurs) à la Mostra de Venise en 1951 (où il remporta le Lion d'Or). C'est le film qui fit connaitre réellement le cinéma japonais en occident et plus particulièrement les Jidaiki (même si celui-ci est particulier, de par sa forme et par l'époque choisie... Heian, plutôt que classiquement Edo). C'est aussi une adaptation littéraire, celle de deux nouvelles de Ryonosuke Akutagawa, dans le recueil Rashômon... et plus particulièrement Dans le fourré.
     
    Rashômon est aussi important dans l'histoire du cinéma par sa forme. Sur une histoire finalement basique d'un crime, on explore ici la façon dont la réalité est perçue et à travers l'image (et la musique) on explore l'âme humaine. Du point de vue de l'image, Rashômon est situé dans trois lieux qui comme les récits, s'imbriquent entre eux.Il y a Rashômon, d'abord, la Porte de Rashô, une des porte monumentale qui servait d'entrée à Kyoto. Ici c'est après son incendie, c'est un lieu en ruine, où se réfugient nos 3 premiers narrateurs. Le temps (un orage) va souligner le récit qui nous est fait en ce lieu...
    Puis le tribunal, un lieu anonyme... comme un théâtre. on y voit juste le mur du fond, et les témoins comme sur une avant-scène... ceux ayant déjà raconté leur histoire étant au fond... un lieu écrasé par la lumière du soleil, comme si en ce lieu de justice, l'âme devait être mise à nue.
    Enfin le lieu du crime, le lieu de l'action. une forêt, avec ses jeux d'ombre et de lumière en travers du feuillage, qui indique l'état de trouble des participants.
     
    La musique et les bruitages soulignent les actions, comme le piano d'un film muet. Il y a de cela d'ailleurs, dans Rashômon, avec ces gros plans sur les expressions, comme il y a aussi un rappel de la gestuelle théâtrale. 
     
    Malgré le même récit multiplié, on n'est jamais perdu... on veut savoir, comme l'homme du commun, cynique en passant, qui écoute le récit du moine et du bûcheron.
     
    Rashômon nous parle aussi de la vérité, de la façon de la percevoir, et peut-être aussi, à travers cela du cinéma... chaque spectateur aura sa vision du film qu'il a vu. Existe-t-il vraiment une vérité, tellement écrasante comme cette lumière au tribunal? Doit-on devenir cynique comme l'homme du commun, qui finalement pense que chacun vit pour soi... Kurosawa nous répond en partie dans la scène finale, avec l'arrêt de la pluie et le retour du soleil. Comme Miyazaki, il avait sans doute foi dans l'homme.
     
    Bref, un classique que je vous conseille très fortement ^^
     
    Dans la partie anecdote, le film avait eu un accueil tiède au Japon par les critiques. Après sa victoire à Venise, certains ont dit que c'était parce que c'était exotique pour les Occidentaux, d'autres que le film était occidentalisé, c'est pour cela qu'ils avaient touché le jury (et les spectateurs). C'est d'ailleurs, des critiques dans son propre pays auxquelles Kurosawa fera face toute sa vie... il disait lui-même que les Japonais devraient évoluer et ne pas s'abaisser à penser que leur culture n'est pas exportable. C'est encore souvent un voeu pieux...
  • Yojimbô - Akira Kurosawa

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    (J'ai commencé un cycle "Rattrapons notre retard en cinéma japonais... voir asiatique en général" qui devrait augmenté l'occupation de ce blog) (on y croit)

     

    Yojimbô (1961) - Akira Kurosawa

     

    Yojimbo.jpg

    L'histoire:

    Japon, XIXe siècle. Un samouraï errant fait étape dans un village terrorisé par deux clans rivaux. En se ralliant successivement à l'un et à l'autre, il va précipiter leur chute et sauver les villageois de leur joug.

    Les acteurs:

    • Toshirō Mifune : Sanjuro Kuwabatake
    • Tatsuya Nakadai : Unosuke
    • Yōko Tsukasa : Nui
    • Isuzu Yamada : Orin
    • Daisuke Katô : Inokichi, le frère rondouillet d'Ushitora
    • Seizaburô Kawazu : Seibei
    • Takashi Shimura : Tokuemon
    • Hiroshi Tachikawa : Yoichiro
    • Yosuke Natsuki : le fils de Kohei
     
    Yojimbo est un film important à plusieurs point de vue:
    - Il est génial
    -C'est un film inspiré de la Moisson Rouge de Dashiell Hammett (avec aussi une référence à la Clé de verre du même auteur) (vous voyez le rapport avec le film noir? ^^)
    - il a plus qu'inspiré Pour une poignée de dollars de Sergio Leone avec Clint Eastwood (ya des scènes c'est limite du plagiat, Sergio, là...) mais aussi le Dernier Recours qvec Bruce Willis.... et Sukiyaki Western Django de Miike sous le patronage de Tarantino
    - Toshiro Mifune est parfait de graouhitude dedans.
     
    J'ai adoré ce film. Bon un Kurosawa en général, c'est difficile que je n'aime pas, il y a une telle maîtrise dans la façon de raconter une histoire, dans l'image (les jeux sur le noir et blanc sont terribles.... pas aussi impressionnant que dans la Nuit du Chasseur, mais Akira se débrouille bien aussi).
    Yojimbô est la transcription d'un roman noir au jideiki/chambara... et on comprends aussi pourquoi Sergio Leone en a fait un western. Ce film a tout des codes du western. L'arrivé du héros solitaire (il ne manque plus que le cheval), le village qui semble vide, la poussière, le vent, l'impression d'être aux confins du Japon... la période qui est la fin d'une époque (1860 c'est pendant la fin du shogunat...)
     
    Toshiro Mifune est excellent dans le rôle de ce samouraï manipulateur mais avec un bon fond.... quelle classe, quel jeu! Mais les autres ne sont pas en reste, que ce soit le tavernier boudeur, râleur... dans un des gangs, le frère au pistolet.... dans l'autre gang, la mère, tenancière de bordel (j'ai découvert d'ailleur Isuzu Yamada, qui est aussi la Lady Macbeth de la version de Kurosawa... et j'ai envie de découvrir plus sa filmo. Bon elle m'a aussi fait penser à Nino dans certaines de ses expressions, et ça c'était un peu perturbant XD)