... mais sur le bonheur de la lecture et le malheur d'être "pas vraiment dans le système", oui...
Depuis le temps que je connais et apprécie ces livres, il est enfin temps que j'en parle sur ce blog.
Comme un roman - Daniel Pennac - 1992
Les droits imprescriptibles du lecteur
Le droit de ne pas lire.
Le droit de sauter des pages.
Le droit de ne pas finir un livre.
Le droit de relire.
Le droit de lire n'importe quoi.
Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)
Le droit de lire n'importe où.
Le droit de grappiller.
Le droit de lire à haute voix.
Le droit de nous taire.
Daniel PENNAC, Comme un roman.
Comme un roman est un essai, mais pas un de ces essais longs et éprouvant sur la lecture. Non, il part des interrogations et des expériences d'un professeur de français, dans des collèges et lycées pas spécialement facile, voir plutôt ZEP, des fois, avec des classes dites "difficiles". La question c'est "comment donner envie de lire à des élèves qui prétendent ne pas aimer lire".
- Alors, ça te plaît?
Il ne nous répondra pas non, ce serait un crime de lèse-majesté. Le livre est sacré, comment peut-on ne pas aimer lire ? Non, il nous dira que les descriptions sont trop longues.
L'auteur ne prétends pas donner la solution. Déjà, parce qu'il n'y a pas de solution miracle, soyons clair. Ce n'est pas un livre de pédagogie, c'est une réflexion, qui peut contenir des pistes pédagogiques, pour de jeunes professeurs, ou pour des anciens qui ont oubliés certaines choses.
Le livre est en 4 chapitres, mais peut se diviser en 2 grandes parties. La première consiste en une analyse des mécanismes qui entraine l'envie d elire, la découverte de la lecture, et les blocages qui peuvent se créer, à partir justement de la mise sur un piédestal de la lecture. La deuxième partie en l'explication des droits du lecteur mise en place par Pennac.
Et la première des choses que rappelle ce livre, c'est qu'un livre, un roman, c'est là pour le plaisir! Pas pour être décortiqué, analysé, disséqué avant même d'avoir pu apprécier la langue, la musicalité, la façon qu'avait l'auteur de nous raconter l'histoire. Pennac fait démago, à lire le Parfum à ses élèves? Que nenni! C'est pourtant une vraie piste pédagogique, qu'on appelle la lecture offerte... oui, offrir la lecture... je vous promet, ça marche! Mes CE2 n'ont jamais trouvé autant le chemin des livres que j'ai en classe, ni ramené leur lecture de chez eux, pour les présenter, que depuis que... chaque soir, je leur lis un livre... des contes (oui, je vous vois m'imaginer en train de faire la méchante reine, ou la grand-mère, ou le loup... rigolez, n'empêche, ça marche!)
Bien sûr, je n'ai jamais eu de problème personnellement pour lire... ce que j'aimais (et j'ai aimé des choses compliqué très tôt... ) Mon père lisait, mais surtout, mon père racontait les livres qu'il avait lu... Zola, Verne, Dante... (c'est comme ça que je me suis retrouvée à lire la Divine Comédie à 11 ans... par plaisir en plus). Mais les livres obligatoires de l'école, je dois avouer que parfois, ils me sont passés au travers... oui, je dois à mes profs de français une solide base littéraire, et oui, analyser un texte, ça fini par rester... un peu.
Vous l'aurez compris, j'adore ce livre, et il m'a beaucoup apporté. Pas en méthodologie, mais en compréhension de certains mécanismes (il m'a d'ailleurs inspiré pour mon mémoire de stage ^^). Et puis on y croise son frère, qui a un talent certain pour le résumé ^^ (J'en connais qui ont limite lu La Guerre et la Paix de Tolstoï grâce à lui )
Chagrin d'école - Daniel Pennac - 2007
Contrairement à ce que l'on peut penser, Chagrin d'école n'est pas la suite de comme un roman. Déjà, parce qu'il s'agit plus d'une autobiographie que d'un essai. Et là, Pennac nous parle de sa propre expérience à lui, en tant que cancre. Toujours pas de recettes miracles, toujours une analyse à partir de son vécu. Et ici, c'est le vécu d'un "cancre"... du moins ce qu'on appellait un cancre, dans les années 50. Maintenant on parlerait d'élèves en difficulté, on metterait en place un PPRE, le Rased tant qu'il existe encore, etc...
Mais à l'époque, c'était un cancre... oh, pas un de ces cancres genre révoltés du système, hein. Non, l'élève qui a des difficultés, et on se demande pourquoi, la famille est si normale! Petite bourgeoisie française, aïeul instituteurs, père polytechnicien, frères aînés doués... Pennac le dit lui même, il a été la source d'inquiètude (c'est assez drôle quand il parle tendrement de sa mère et de ses inquiétudes encore, même quand elle le voit à la télé)
C'est par contre sans doute cette connaissance de al souffrance qui va influencer le travail de professeur de Pennac. Et c'est inspirant pour moi, qui n'ai pas été un cancre (sans être une génie... je m'arrangeais surtout pour ne aps être remarquée ^^).
Et puis, dans les deux cas, le plus intéressant dans ces deux livres, c'est le style de Pennac, jamais lourd, jamais sentencieux. Une langue très bien maitrisée, qui provoque souvent le sourire, voir le rire. Et souvent dans mon cas les anecdoctes provoquent aussi une de ces petites boules d'émotions dans la gorge (mais c'est personnel ^^)
En tout cas, voici quelques extraits:
"Qu'est-ce que tu lis?"
Le grand: La Mousson
Le Petit: C'est bien?
Le grand: Vachement!
Le petit: Qu'est-ce que ça raconte?
Le grand: C'est l'histoire d'un mec: au début, il boit beaucoup de whisky, à la fin il boit beaucoup d'eau!
Comme un roman.
Le fameux résumé de La Guerre et la Paix:"c'est l'histoire d'une fille qui aime un type et qui en épouse un troisième"